Tsubasa RESERVoir CHRoNiCLE – non ce n’est pas un problème avec la touche majuscule de mon clavier, mais la véritable orthographe du titre – est l’une des dernières œuvres en date des Clamp.
Les protagonistes sont au nombre de cinq, et il est agréable de constater qu’il y en pour tous les goûts : une princesse qui est la gentillesse incarnée, un jeune archéologue à l’infaillible bravoure, un guerrier sans peur et sans reproche, un magicien déjanté et un… Mokona… égal à lui-même !
L’intrigue en elle-même est à première vue des plus simples. En se rendant sur le site de fouille où travaille son ami d’enfance Shaolan, la jeune princesse du Pays de Clow, Sakura, a perdu les morceaux de son âmes, ses souvenirs, qui se sont envolés à travers les dimensions sous la formes de plumes scintillantes. Le seul moyen pour les récupérer et sauver la jeune : voyager à travers les mondes. Shaolan est donc envoyé chez la Sorcière des Dimensions, Yûko, où il rencontre deux autres hommes, eux aussi déterminés à entamer un voyage interdimensionnel. D’une part, Kurogane, guerrier le plus efficace mais également le plus meurtrier de son monde, a été envoyé en quête par sa princesse, Tomoyo, pour découvrir la véritable signification du mot force. Il n’aspire qu’à rentrer chez lui. D’autre part, le magicien Fye D. Flowright qui, après avoir endormi et scellé son souverain, Ashura, se trouve contraint de fuir pour mettre le plus de distance entre eux. Il désire donc parcourir le maximum de mondes possibles. Yûko leur apprend que leurs vœux ne font qu’un, et que s’ils sont incapables de lui offrir de quoi les exaucer séparément, s’ils payent ensemble, elle leur donnera le moyen de transport le plus efficace, en la personne d’une petite créature pleine de surprise, nommée Mokona. Nos trois héros sont bien contraints d’accepter, et après avoir sacrifié ce qu’ils avaient de plus chers, entament leur voyage.
Si certains d’entre vous on lu d’autres œuvres de Clamp, ils se rendront immédiatement compte que certains de ces noms leurs sont familiers : Sakura, Shaolan et Tomoyo de Card Captor Sakura, Ashura d’RG Veda ou encore Mokona de Magic Knight Rayearth, tous sont des reprises de héros que nous connaissons bien. En effet, TRC repose sur le principe des mondes parallèles et de l’existence dans ces mondes d’individus partageant la même essence, la même « âme ». On retrouve donc des versions légèrement différentes des personnages des mangas précédents de Clamp, vivant dans des cadres tout à fait différents. En grandes romantiques, les Clamp ont évidement conservé les couples déjà formés, littéralement des « âmes sœurs ». Il y a néanmoins des personnages originaux, ne serait-ce que Fye et Kurogane, ainsi que dans une certaine mesure Mokona et Yûko.
J’espère que les fans de shônen n’ont pas déjà tourné les talons en se disant « Pouah, encore un shôjo plein de fleurs, de petits cœurs roses et de bon sentiments ». Parce que TRC est un shônen, sans doute possible. Même si le personnage central est Sakura, ce sont les trois héros qui occupent le plus souvent le devant de la scène. Shaolan et Kurogane sont des guerriers émérites, et Fye ne se défend pas trop mal pour un magicien inoffensif, ce qui donne lieu à de belles scènes de batailles. Ce n’est pas Naruto, avec des combats de douze chapitres, mais ce n’est pas non plus Card Captor Sakura : on ne se bat pas à coup de fleurs et d’entraves magiques, mais bien à grands coups de katana et de coups de pieds bien placés. Je préfère d’ailleurs prévenir les âmes sensibles : dernièrement c’est devenu assez sanglant, ce qui n’est pas sans rappeler X-99.
Pour ce qui est de l’intrigue… comme je l’ai dit plus haut, elle est à première vue très simple : il s’agit de la quête des plumes – ou fragments de l’âme – de Sakura. Malgré tout, on se rend rapidement compte qu’elle ne se limite pas à ça. Comme toujours, ou presque, il y a là derrière un plan machiavélique et tortueux, dont on ne connaît pas encore les conséquences, sinon qu’elles seront désastreuses. Les premiers mondes traversés sont un prétexte pour mieux connaître les personnages, mais au fur et à mesure que leur passé se dévoile, on comprend que les gentils compagnons de voyage ont en vérité subi bien des épreuves et qu’ils devront encore affronter un avenir bien noir avant de voir leurs vœux exaucés.
Vous l’aurez compris, comme dans la quasi-totalité de l’œuvre de Clamp, la notion de vœu est omniprésente. Ce sont les vœux de chacun des personnages qui les font avancer, quelque soit leur camp. Au cours de l’histoire, les protagonistes changent et leur désirs avec eux. C’est donc un récit d’apprentissage, non seulement pour les jeunes héros, mais pour leurs compagnons plus âgés (et là encore, je ne peux m’empêcher de tracer un parallèle avec X-99).
Bon, assez parlé de mes thèses sur la psychologie dans l’univers des mangas, quelques détails pratiques !
Il y a à ce jour treize volumes de parus en France. Le tome 19 sort dans quelques jours au Japon, et les chapitres sont publiés dans l’hebdomadaire Shonen Magazine (que vous pouvez trouver sous forme de scanlations sur le net). Au passage, je préciserais que TRC est désormais l’œuvre la plus longue des Clamp, dépassant X-99 et ses 18 tomes parus (plus cinq chapitres, mais c’est une autre histoire).
Il est important de mentionner qu’il est préférable de lire TRC et XXX Holic en même temps, car les deux trames sont liées. On ne s’en rend guère compte dans les premiers tomes, mais dans les derniers chapitres, il devient capital de savoir ce qu’il se passe dans l’autre manga si l’on veut comprendre ce qu’il se passe.
Quoi d’autre… Ah oui, le désastre de Tsubasa Chronicle, l’adaptation animée. Non seulement les graphismes sont nuls, mais l’histoire est massacrée, et les personnages dénaturés. La musique est agréable, et l’on peut entendre Kurogane crier « Mokona Modoki Doki Doki !! » à la fin du dernier épisode, mais ce sont bien les seuls mérites qu’on peut lui concéder. Il y a également eu un film, qui n’est pas trop mal si vous gardez en tête qu’il ne possède aucun intérêt dramatique.
Conclusion (ma parole, je viens d’écrire deux pages…)
Tsubasa RESERVoir CHRoNiCLE est un incontournable pour les fans de Clamp. Si les premiers chapitres vous rappelleront un Card Captor Sakura « shonenisé » et plus mature, vous découvrirez bientôt que le véritable nœud de l’intrigue est beaucoup plus proche de X-99 (et, NON, je n’exagère pas, croyez-moi). Des personnages creusés et en évolution permanente, une intrigue complexe servie par un style graphique à la fois coulant et incisif… Comme vous l’aurez compris, TRC est mon manga favori… ^^
Edit de Zeja : Je l'ai mis en post-it ^^